Minimal Art

18 Nov

Le Minimalisme est un courant de l’art contemporain, né dans un groupe de plasticiens au début des années 1960 aux États-Unis. Il est basé sur le principe de l’économie des moyens. La définition de la notion d’Art Minimal a été donnée à la fin de l’année 1965 par le philosophe anglais Richard Wollheim dans Arts Magazine au sujet d’une exposition à la Green Gallery de New York. Le minimalisme définit une forme d’art qui se caractérise par un travail dans les trois dimensions qui ne se réduit ni à la peinture ni à la sculpture. Il est aussi à l’origine d’une part importante de la sculpture contemporaine et de l’art conceptuel – lequel prolonge le souci d’économie de moyens jusqu’à privilégier l’idée sur la réalisation. Seule l’idée compte, le reste n’a pas d’importance, d’où la relation étroite entre art minimaliste et art conceptuel, un pont entre deux écoles en fait très liées par l’idée que « l’idée est œuvre d’art » et non pas « l’œuvre d’art » elle-même. L’art minimal s’inspire du célèbre principe de l’architecte Mies van der Rohe «Less is more». (« Moins c’est plus ») Pour les minimalistes il n’y a rien d’autre à voir que ce que l’on voit.

Le travail et la réflexion des minimalistes portent avant tout sur la perception des objets et leur rapport à l’espace. Leurs œuvres sont des révélateurs de l’espace environnant qu’elles incluent comme un élément déterminant. Le minimalisme a profondément marqué l’évolution de l’art contemporain. Incarnant la tendance américaine dominante à la fin des années 1960, il a suscité de nombreuses réactions.

–> Frank Stella

Frank Stella dans son atelier, 1959

Frank Stella est un peintre américain considéré comme un précurseur du minimalisme. Il commence par étudier la peinture à la Phillips Academy d’Andover, dans sa région natale en 1950, puis entreprend des études d’histoire de l’art à l’université de Princeton. Il fut d’abord influencé par
les expressionnistes abstraits, Jackson Pollock et Franz Kline, avant de partir pour New-York, centre émergent de l’art contemporain.

Double Gray Scramble, 1973

Lettre sur les aveugles, 1974

Dès lors, qu’il rencontre Robert Rauchenberg et Jasper Johns, il délaisse le polychrome de l’expressionnisme abstrait, au profit d’une peinture monochrome sombre.

Die Fahne Hoch

Grâce à ses premières oeuvres, constituées de multiples bandes parallèles, il sera considéré comme l’un des pionniers du minimalisme des années 60. Carl André, artiste plasticien américain influencé par Frank Stella, décrivait ces « Black Paintings » de la manière suivante :

« L’art exclut le superflu, ce qui n’est pas nécessaire. Pour Frank Stella, il s’est avéré nécessaire de peindre des bandes. Il n’y a rien d’autre dans sa peinture. Frank Stella ne s’intéresse pas à l’expression ou à la sensibilité. Il s’intéresse aux nécessités de la peinture… Ses bandes sont les chemins qu’emprunte le pinceau sur la toile. Ces chemins ne conduisent qu’à la peinture. »

Dès son entrée dans le milieu artistique, Frank Stella connait un succès immédiat grâce à cette série.

–> Donald Judd

Donald Judd est un artiste plasticien et théoricien américain, né à Excelsior Springs dans le Missouri le 3 juin 1928 et mort à New York le 12 février 1994.

Tôle galvanisée, plexigas gris clair, 1989

–> Carl André

« Pour moi, une sculpture est semblable à une route… Mes oeuvres obligent le spectateur à marcher le long d’elles, ou autour d’elles ou au-dessus d’elles ». Carl André

L’artiste américain Carl André naît à Quincy le 16 septembre 1935. Il est une des figures de proue de l’art minimal. Carl Andre réalisent des pièces qui matérialisent l’espace. A partir de 1951, Carl André étudie la peinture à la Phillips Academy d’Andover dans le Massachusetts, près de Boston. En 1954, il voyage en Europe et s’intéresse aux sites néolithiques, par exemple celui de Stonehenge, qui marqueront son oeuvre artistique. Carl Andre installe quatre concepts majeurs dans l’ensemble de son œuvre :la platitude, la sculpture comme lieu, la composition modulaire, et l’emploi de matériaux bruts.

 

Sculpture 43 Roaring forty (1968) par Carl Andre – KMM, Otterlo, Pays Bas –
Photo : Gerardus

INNER PIECE, 1983.
30 blocs de béton cellulaire, chaque bloc 62,3 x 25 x 20 cm.

Fall, 1968, New York. Hot-rolled steel, 21 units, 6 x 28 x 6 feet (1.8 x 0.7 x 1.8 m) each; 6 x 49 x 6 feet (1.8 x 14.9 x 1.8 m) overall. Solomon R. Guggenheim Museum, New York,Panza Collection 91.3670. © Carl Andre/Licensed by VAGA, New York, NY. Photo: David Heald

The Way North, East, South, West (Uncarved Blocks), 1975
western red cedar 5 units: 12 x 12 x 36 inches (30.5 x 30.5 x 91.4 cm ) each / Private Collection

Cooper Galaxy

–> Dan Flavin,

Dan Flavin est un artiste américain, né à Jamaica (New York) le 1er avril 1933 et mort à Riverhead (New York) en 1996. Une œuvre de Dan Flavin est définie dans un premier temps, par la disposition de tubes de lumière fluorescente puis c’est l’extension lumineuse qui a déterminé sa structure, son épaisseur, son volume ; en ce sens la dimension de l’œuvre est réglée par l’architecture (murs, plafond, sol) qui la délimite. En envahissant l’espace, la lumière de Flavin le transforme et le dématérialise. Le bain lumineux a pour propriété de detruire les frontières entre l’environnant et l’environné qui ne font plus qu’un et l’œuvre devient ainsi une « situation », un lieu d’expériences perceptives liées aux déplacements du spectateur.

Avec Dan Flavin, l’œuvre est réellement impalpable, on ne pourrait même pas poser son regard sur elle ; c’est pour l’artiste une façon de supprimer un mode de relation émotionnel souvent rattaché aux objets.

Lumières fluorescentes circulaires

tubes fluorescents orange vert et blanc

the diagonal of May 25, 1963 (to Constantin Brancusi)

–> Robert Morris,

Robert Morris est un artiste plasticien, artiste conceptuel et écrivain américain, né à Kansas City (Missouri) le 9 février 1931. Avec Donald Judd, il est considéré comme l’un des principaux représentants et théoriciens du minimalisme.

(Tenture), de la série Felt Piece
Feutre découpé, 250 x 372 x 30 cm
Donation Daniel Cordier, 1989

Après des études aux beaux-arts, Robert Morris commence sa carrière artistique dans les années 50 en tant que peintre, pratiquant un style inspiré de Pollock. Il restera toujours fidèle à cet artiste qui a, selon lui, su jouer avec les qualités de la matière et inventer un type de tableau adapté à la fluidité de la peinture.

Au début des années 60, il réalise des objets qui interrogent la perception des formes dans l’espace. Il participe aussi à des performances, s’intéresse à la musique et à la danse, et reprend des études en histoire de l’art qui le conduisent à la rédaction d’une thèse sur Brancusi en 1966. A cette époque, il réalise, par exemple, ses Trois poutres en L (1965, reconstruite en 69), une œuvre qui révèle les différentes manières de percevoir une forme selon le point de vue que l’on a sur elle.

Trois poutres en L

Mais c’est précisément ce type de démarche qu’il dénigre dans son article intitulé « Anti Form » de 1968, voyant dans ces formes créées par lui-même les derniers avatars d’une pensée idéaliste et rationnelle, héritière de Platon. A partir de sa théorie, il crée des œuvres molles, faites de grandes pièces de feutre suspendues, qui manifestent le sentiment d’entropie : l’intuition d’une autodestruction imminente. (voir images plus haut)

–> Sol Lewitt

Il est né le 9 septembre 1928 à Hartford (Connecticut), mort le 8 avril 2007 à New York, est un artiste américain minimaliste et conceptuel. Après avoir étudié à l’Université de Syracuse, école des Beaux-arts de l’état de New York et à la Cartoonists and Illustrators School, il voyage en Europe où il se familiarise avec les maîtres de la peinture avant de servir dans l’armée américaine pendant la guerre de Corée.

Plus tard, il travaillera comme graphiste dans le cabinet de l’architecte Pei. Puis, dans les années 1950, il s’installe à New York et travaille comme graphiste pour un journal pour jeunes filles, Seventeen. En 1960, il est recruté en tant que réceptionniste par le Museum of Modern Art (MoMA), où il rencontrera les différents artistes comme Robert Ryman, Dan Flavin et Robert Mangold.

De 1963 à 1965 il fabrique des objets singuliers en contreplaqué teintés d’une laque monochrome qu’il pose au sol, sans socle et met en valeur un rapport de plein / vide, en relation directe avec le lieu d’installation.

En 1965, ses créations évoluent dans leur procédé de fabrication par l’utilisation de l’aluminium ou de l’acier laqué d’un blanc pur.

Ainsi, Sol LeWitt par ces structures redéfinit notre rapport à la sculpture, génère un nouveau rapport au domaine visuel par une nouvelle forme de perception spatiale et mentale de l’œuvre. Il expliquera lui-même dans son manifeste « Paragraphs on Conceptual Art » (1967),  « Lorsqu’un artiste recourt à une méthode modulaire multiple, il choisit habituellement une forme simple et disponible. […] Choisir des formes de base complexes ne peut que nuire à l’unité de l’ensemble. Recourir à la répétition d’une forme simple, c’est réduire le champ d’intervention et mettre l’accent sur la disposition de la forme. L’arrangement devient la fin et la forme devient le moyen. »

En 1968, LeWitt crée son premier dessin mural (« Wall drawing »), à la Paula Cooper Gallery.

« Je désirais créer une œuvre d’art qui soit aussi bidimensionnelle que possible : il paraît plus naturel de travailler à même le mur plutôt que de prendre un accessoire, de le travailler, puis de l’accrocher au mur ». – Sol LeWitt –

Sa démarche conceptuelle étant plus importante que l’œuvre créée, il mettra en place un système de certificat authentique accompagné d’un diagramme permettant à des assistants, collègues artistes, collectionneurs ou des employés de musées d’exécuter eux-mêmes les œuvres murales. Il s’explique en disant: « Une fois que l’idée de l’œuvre est définie dans l’esprit de l’artiste et la forme finale décidée, les choses doivent suivre leur cours. Il peut y avoir des conséquences que l’artiste ne peut imaginer. Ce sont des idées qui sont à considérer comme des travaux d’art qui peuvent en entraîner d’autres… » (in Sentences on Conceptual Art », Art-language, vol.1 n°1, mai 1969). Ainsi l’idée de l’œuvre prime sur le résultat. Les Wall drawings réalisées par des exécutants préservent leur autonomie par la fidélité d’exécution de l’œuvre lié aux directives mises en place par l’artiste. « Le Wall drawing est une installation permanente même détruite. Quand quelque chose est fait (dans l’esprit) il ne peut être défait » cite l’artiste in « Sentences ».

Wall Drawing #879 – « Loopy Doopy » (noir et blanc), Peinture acrylique
Première réalisation : Elizabeth Alderman, Sachiko Cho, Edy Ferguson, Anders Felix, Paux Hedberg, Choichi Nishikawa, Jim Prez, Emily Ripley, Mio Takashima
Première installation : PaceWildenstein, New York
Septembre 1998, LeWitt Collection, Chester, Connecticut

Wall Drawing #462, Sol LeWitt © Rémi Villaggi / Centre Pompidou-Metz

Wall Drawing #346
Sept figures géométriques (dont le triangle rectangle) tracées à l’encre de Chine.
Première réalisation : Sol LeWitt, Guy Mazarguil, Laurent Mazarguil
Première installation : Galerie Yvon Lambert, Paris
Février 1981, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris

Le Minimalisme s’est développé dans d’autres arts comme la musique, la danse, la cuisine, mais surtout dans le design (Donald Judd) et l’architecture (Mies Van Der Rohe). D’autres artistes en font partie:

Félix González-Torres, Dan Graham, François Morellet, Bruce Nauman, Richard Serra, Niele Toroni, Bernard Villers, Agnes Martin, Jacques Bourraux (graveur), Steve Reich, Jean-Christophe De Clercq.

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